Statut de Kilkenny


Kilkea Castle
Le château de Kilkea, près de Castledermot, dans le comté de Kildare, était le site du premier parlement connu en Irlande. D’après Antiquités d’Irlande, 1792. Wiki Commons.

À la fin de l’Irlande médiévale, ils avaient des conditions d’abus les uns pour les autres. « Englishobbe ». « Chien irlandais ». L’antipathie était si profonde qu’un parlement a été contraint de légiférer contre un tel langage. Mais ce n’était pas les Irlandais indigènes et leurs colonisateurs anglo-normands qui abusaient les uns des autres. Ce sont les Anglais nés en Irlande et les Anglais nés en Angleterre – les anglais en Ireland et les anglais nees en Angleterre dans le français légal de l’époque.

C’est un petit point, mais cela démontre la profondeur des inquiétudes autour de l’identité des colons et des processus d’assimilation avec lesquels la législation dans son ensemble – mieux connue sous le nom de Statut de Kilkenny de 1366 – est obsédée. Le statut accepte tacitement que, près de 200 ans après leur invasion, le bref anglo-normand ne s’étendait pas bien au–delà d’une poignée de comtés en Irlande – y compris ce qui fut plus tard appelé les « quatre comtés obéissants » de Dublin, Kildare, Louth et Meath. Partout ailleurs était sans loi, telle que les Anglo-Normands la concevaient. La loi indigène de Brehon n’était qu’une « mauvaise coutume »; l’utiliser était une trahison.

Parmi les autres activités de trahison, on peut citer  » l’alliance par le mariage … le placement d’enfants, le concubinage ou l’amour  » entre les Anglais et les Irlandais. Les Anglais doivent « être nommés par un nom anglais, en laissant complètement de côté la manière de nommer utilisée par les Irlandais »; parler gaélique plutôt que l’anglais ou ne pas adopter « la coutume, la mode, le mode de conduite et les vêtements anglais » entraînerait une atteinte. Il était interdit à  » tous les ménestrels irlandais, c’est-à-dire les tympans, les cornemuses, les conteurs d’histoires, les babblers, les rimes [ou] les harpeursto [de] venir parmi les Anglais »; les lancers et les quoits étaient interdits au profit des  » jeux doux qui font partie des armes », c’est-à-dire le tir à l’arc et autres.

Il est devenu illégal pour les Irlandais vivant parmi les Anglais de parler gaélique, même les uns aux autres.

Le parlement de Kilkenny, qui s’ouvrit le 18 février 1366, avait été convoqué par Lionel d’Anvers, alors âgé de 27 ans, duc de Clarence et lieutenant d’Ulster, fils d’Édouard III, installé en Irlande depuis 1361 pour tenter de renforcer l’autorité anglo-normande. Il partit, pour ne jamais revenir, en novembre 1366, pensant sans doute que son travail était terminé. 

Author: Elsa Renault