Prison ferme requise contre l’ex-PDG et propriétaire d’Atalian, accusé d’avoir détourné plus de 36 millions d’euros

Le parquet a requis mardi cinq ans d’emprisonnement, dont trois fermes, notamment pour abus de biens sociaux, blanchiment et escroquerie contre Franck Julien, ex-patron du géant du service aux entreprises Atalian, soupçonné d’avoir détourné plus de 36 millions d ‘euros entre 2008 et 2019 des comptes de sa société.

C’est une affaire « atypique » où se mêlent « blanchiment, présomption de blanchiment, abus de bien sociaux en pagaille, escroquerie », et dont les « circonstances » sont « dignes d’un roman à suspens », a déclaré le procureur. évoquant dans ses réquisitions la relation « fusionnelle » entretenue par M. Julien avec Atalian, « au point de confondre son patrimoine » avec celui de l’entreprise.

La procureure a également requis une amende d’un million d’euros à la rencontre de M. Julien.

Elle a également réclamé des peines allant de 18 mois d’emprisonnement avec sursis à un an ferme contre une dizaine d’autres prévenus, dont d’anciens hauts cadres d’Atalian et dirigeants de sociétés prestataires, poursuivis notamment pour complicité d’abus de bien sociaux, escroquerie et blanchiment.

Le dossier avait débuté fortuitement le 6 janvier 2015, à la faveur d’un banal contrôle routier, quand des douaniers avaient découvert dans le coffre d’une voiture près de deux millions d’euros en liquide, dissimulés dans un chauffe-eau et un sèche-linge.

Au fil des investigations, les enquêteurs avaient mis au jour une « véritable prédation des biens de la société au bénéfice de son dirigeant », résumaient les juges d’instruction dans leur ordonnance de renvoi. L’ex-PDG avait l’habitude de fabriquer à sa société – et rarement de rembourser – la rénovation de biens immobiliers personnels : un appartement à Paris, une maison en forêt de Rambouillet (Yvelines), un hôtel particulier à Uccle, près de Bruxelles….

Les artisans suracturaient ou émettaient de fausses factures pour rétrocéder ultérieurement des espèces à M. Julien ou à d’autres cadres de la société.

Ce « cash » aurait ensuite servi aux « besoins personnels » de l’ex-PDG, à l’achat de la « paix sociale » avec les syndicats ou au « gain de nouveaux marchés » auprès de certains clients. Le préjudice total causé à Atalian, partie civile au procès, est évalué à 36 à 37 millions d’euros.

Créé en 1944, Atalian, spécialisé dans le nettoyage et la sécurité des entreprises, compte aujourd’hui 67.000 salariés dans le monde et a réalisé 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022.

Author: Franck Riviere